Rencontre avec le baryton Pierre Gennaï, à l’affiche du Concert du Bout de l’An des Saisons de la Voix

Les Saisons de la Voix : Bonjour, Pierre Gennaï, et merci de nous accorder cette interview. Avant de commencer le chant, vous avez baigné dans la musique à travers la pratique de plusieurs instruments comme l’orgue, la contrebasse et le piano. Vous pratiquez également la direction d’orchestre et l’harmonisation. Pouvez-vous nous expliquer le choix du chant ?
Pierre Gennaï : Ce fut lors d’un récital de piano au Conservatoire de Nîmes. Ayant repéré ma voix parlée lors de la présentation de mon morceau, Laurène Huet m’a proposé d’essayer un cours dans sa classe, j’ai donc essayé et me suis tout de suite pris au jeu. Plus j’en faisais et plus ça me plaisait ! J’ai donc avancé relativement vite et me suis présenté au Concours du CNSMD de Lyon où j’étudie actuellement. C’est aussi à Avignon que je suis allé voir mon premier opéra, c’était une version de la Flûte Enchantée en version française et ce fut une révélation. En sortant de la représentation, je me suis dit : je veux en faire !  (rires)
 
S.D.L.V. : Vous avez été lauréat du Concours international de la mélodie de Gordes en duo avec la pianiste Lola Giry. Vous venez également de remporter un prix au Concours de mélodie de Toulouse. Que représente le répertoire de la mélodie pour vous ?
P.G. : C’est un de mes formats préférés, car c’est un univers à lui seul (le côté très intimiste devant un petit public est différent de l’aspect grandiloquent de l’opéra). Je vois cela comme un objet qu’on ne peut transmettre que par la voix de génération en génération et j’admire ceux qui savent conserver ce patrimoine. J’aime particulièrement la sonorité de Gérard Souzay et Gabriel Bacquier dans la mélodie française, et dans les lieder, Ian Bostridge et Fritz Wunderlich.
 
S.D.L.V. : Malgré le fait que vous n’ayez débuté des études de chant qu’en 2020, votre début de carrière se dévoile gratifiant. Le Festival lyrique Samoëns-Montagnes du Giffre vous choisit pour le rôle-titre de Don Giovanni que vous avez assuré cet été. En tant que jeune artiste, comment avez-vous abordé ce rôle ?
P.G. : Avec émerveillement puisqu’il s’agissait de ma première production scénique et c’était une incroyable expérience. Pour l’anecdote, j’ai appris que le premier interprète de Don Giovanni avait 21 ans et je les ai eus quelques jours avant la première ! (rires)
C’est vrai que nous avons tendance à voir le personnage comme un homme d’âge mûr, vicieux et pervers et mon travail a été de s’approprier un Don Giovanni jeune et moderne (tout l’opposé !). Avec le metteur en scène et directeur du Festival, Romain Pascal, nous nous sommes posés la question de savoir si nous devions laisser le rôle nous consumer complètement ou si, au contraire, nous pouvions lui apporter notre touche personnelle. Et nous avons trouvé de belles choses à montrer au public.
 
S.D.L.V. : Le 28 décembre prochain, vous présenterez un programme aux côtés de votre partenaire de scène, la pianiste Lola Giry ainsi que la mezzo-soprano Florine God, également lauréate du Concours 2023. Comment a commencé votre duo avec Lola ?
P.G. :  Nous sommes de la même promotion au CNSMD et avons développé une complicité musicale à travers plusieurs projets musicaux. Et nous avons reçu de bons retours, notamment du baryton Stéphane Degout lors d’une masterclass au CNSMD, où celui-ci s’est montré très encourageant envers le potentiel de ce duo.
 
S.D.L.V. : Quels sont vos prochains concerts ? 
P.G. : Il commence à y en avoir quelques uns ! Avec Lola, nous donnerons un récital sur Die Schöne Müllerin de Schubert au CNSM de Lyon en février prochain. Toujours au CNSM, j’enchainerai avec le Comte dans Le Nozze di Figaro. L’été prochain, je jouerai Bartolo dans Il Barbiere di Siviglia au Festival « Les Concerts au Coucher de Soleil d’Oppède-le-Vieux » dirigé par Cyril Diederich. Et grâce au Concours de Gordes, Lola et moi-même sommes invités à donner des récitals à l’Opéra de Massy et au Théâtre Impérial de Compiègne ainsi qu’au Festival de Lussan pour la saison 2024-2025. Et en parallèle, j’assurerai quelques concerts d’orgue cet été à la Cathédrale d’Agde et Annecy.

Propos recueillis par Marjorie Cabrol

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