Rencontre avec la mezzo-soprano Florine God, à l’affiche du Concert du Bout de l’An des Saisons de la Voix

Les Saisons de la Voix : Bonjour, Florine God, et merci de nous accorder cette interview. Vous avez débuté la musique dès le plus jeune âge avec le chant, la flûte traversière mais aussi la danse classique. Vous vous intéressez aussi à la littérature française et étrangère et entamez un cursus à la faculté. Comment ces passions sont-elles nées ? 
Florine God : Je suis la dernière d’une lignée de quatre filles. Nos parents ne sont pas musiciens, mais nous ont toutes sollicitées à pratiquer des activités extra-scolaires. Dans premier temps, j’ai donc suivi mes sœurs (qui pratiquaient toutes un instrument), et ai commencé la flûte traversière, la danse classique et le solfège (que j’ai de suite adoré !). Puis, nos parents écoutaient beaucoup de répertoires musicaux différents : quand on recevait des invités, ils mettaient les disques du moment. Tout ceci m’a permis d’écouter une large palette musicale.
Pour la littérature, contrairement à mes sœurs, j’ai développé une passion pour la lecture dès le plus jeune âge (quand je ne savais pas encore lire, je demandais à ma mère de me lire la même histoire pour le coucher ! ). Pour l’anecdote, mon parrain avait habitude de m’emmener acheter des livres, et lors de ma première fois dans le magasin et pensant qu’il s’agissait d’une grande bibliothèque, je suis partie dans les rayons comme dans une cour de récréation. M’ayant perdu de vue et pris de panique, mon parrain m’a retrouvée en train de dévorer un livre entre les étals ! (rires)
 
S.D.L.V. : Vous êtes lauréate du Concours de Gordes 2023. Ayant étudié la littérature étrangère, est-ce que ces études apportent un plus à votre interprétation musicale ? Y a-t-il un travail de recherche plus approfondi ?
F.G. : En effet, j’ai appris l’italien et l’allemand (qui sont les langues d’opéra les plus récurrentes) et possède maintenant une base de connaissance générale sur la littérature et les Arts, ce qui me permet d’avoir une analyse peut-être plus rapide et efficace sur les œuvres que j’aborde.  Cependant, la musique et la littérature sont très liées et j’ai la conviction que beaucoup de chanteurs s’y intéressent également très naturellement. En l’occurrence, j’ai beaucoup d’amis avec qui on échange sur ce sujet. Mes études m’ont offert un accès facile aux langues étrangères. Et je suis d’autant plus heureuse d’avoir pu combiner mes deux passions pour mon mémoire traitant sur l’accueil du Faust de Goethe en Italie, à travers le Mefistofele de Arrigo Boito.

S.D.L.V. : Durant votre formation de chant, vous croisez la route de plusieurs grands noms du lyrique comme la mezzo-soprano Christine Solhosse, la soprano Mireille Alcantara qui vous invitera à vous former auprès d’elle à l’Ecole Normale de musique de Paris, la mezzo-soprano Jennifer Larmore, du pianiste Philippe Riga et de la contralto Beatrix Kristina Papp avec lesquels vous travaillez encore. Que cela vous a-t-il apporté ?
F.G. : Toutes ces formations ont été très bénéfiques ! Cela m’a permis de découvrir les différentes écoles de chant qui co-existent, et il est intéressant de retirer certaines choses pour se construire en tant que chanteur. Chaque structure m’a fait découvrir plusieurs perspectives sur ma voix et j’en suis très heureuse. Par exemple, Beatrix m’a ouvert le chemin de l’école de l’Est et grâce à elle j’ai appréhendé la corporalité de mon chant. Je réalise également la chance que j’ai de côtoyer une personnalité comme Jennifer Larmore qui est une véritable inspiration au quotidien. 
 
S.D.L.V. : Le 28 décembre prochain, vous présenterez un programme avec le baryton Pierre Gennaï et la pianiste Lola Giry, aussi lauréats du Concours. Comment avez-vous conçu ce programme ? Quel message auriez-vous envie de transmettre au public ?
F.G. : D’abord, nous avons pioché dans nos morceaux “soliste” et les duos se sont ainsi imposés à nous. Pierre m’a fait découvrir le très beau duo Es rauschet das Wasser de Brahms, et c’est toujours chouette de découvrir de nouveaux morceaux, car cela permet de sortir de sa zone de confort.
Quand j’écoute de la musique, je ressens beaucoup de vibrations assez puissantes quel que soit le répertoire. J’essaye au mieux de transmettre cette énergie et d’être au service des intentions données par la musique. Nous sommes dans une période difficile où le mal-être est présent, et permettre aux gens de s’évader un court instant de ce quotidien morose est le meilleur des cadeaux pour moi. D’ailleurs, à Gordes, après mon passage, une jeune femme est venue me trouver et m’a offert un petit porte-clés en signe de remerciement pour ma performance. Cela m’a beaucoup touchée.
 
S.D.L.V. : Où pourrons-nous vous écouter prochainement ?
F.G. : Grâce au Concours de Gordes, je serai en récital à l’Opéra d’Avignon avec Juliette Sabbah le 16 mars prochain. Je serai également en concert avec l’Ensemble Viradectis en Belgique. J’apprécie aussi la musique de chambre et, avec mon compagnon qui est tromboniste, nous avons décidé de créer cet ensemble qui se compose d’une sacqueboute alto, voix et orgue et nous abordons la musique classique qui se jouait à la cour des Habsbourg, c’est un répertoire trop peu connu !
 
Propos recueillis par Marjorie Cabrol

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