Rencontre avec la basse Mathieu Gourlet et la pianiste Edward Liddall

Les Saisons de la Voix : Bonjour, Mathieu Gourlet et Edward Liddall, et merci de nous accorder cette interview. Comment avez-vous découvert vos instruments respectifs ?
Mathieu Gourlet : Par hasard, je n’étais pas destiné à faire du chant ! J’ai intégré le Conservatoire assez tôt avec ma sœur et ai commencé le tuba. Il se trouvait que nous devions faire du chant ainsi que du théâtre et j’ai ainsi naturellement découvert l’art vocal et scénique de cette façon.
Edward Liddall : J’ai découvert le piano à l’éveil musical où mes parents se sont aperçus que j’avais eu un coup de foudre pour la sonorité de l’instrument ! Et c’est à l’âge de six ans qu’ils ont décidé de m’inscrire à des cours. 
 
L.S.V. : Avez-vous un souvenir marquant sur scène ?
M.G. : Mes débuts à l’Opéra ont été intenses puisque j’ai débuté avec Wagner et son Vaisseau Fantôme ! Je faisais partie du chœur dans une impressionnante production de l’Opéra de Lille. Il y avait un gigantesque bateau et ainsi que des dunes à l’arrière-scène, tout était réuni pour créer ”un grand terrain de jeu”. Ce fut, de ce fait un grand plongeon dès le départ !
E.L. : Mon premier concert au Barbican Hall de Londres avec la Guildhall School of Music and Drama où nous avions donné un récital de musique de chambre autour de Haydn. Ayant pu écouter de nombreux artistes de renom comme Cecilia Bartoli ou encore Martha Argerich sur cette scène, je me sentais particulièrement chanceux et ému d’y jouer. Ce fut, jusqu’ici, l’expérience la plus marquante de ma carrière !
 
L.S.V. : Quel répertoire allez-vous préparer durant cette master class avec Susan Manoff ?
E.L. : Nous présenterons les Chansons de Don Quichotte de Jacques Ibert, qui se révèlent intéressantes par le texte et les sonorités espagnolisantes. J’ai déjà eu la chance de travailler avec Susan Manoff lors de l’Académie d’Orsay à Royaumont avec la mezzo-soprano Grace Durham. Elle apporte quelque chose d’unique et passionnant dans le répertoire de la mélodie.
M.G. : Le choix de ces œuvres n’est pas anodin pour ma part, car ce programme m’a permis de gagner le Concours de Gordes l’année passée. Issu du milieu théâtral, je trouve qu’il y a beaucoup à puiser dans l’interprétation de cette œuvre.
 
L.S.V. : Un rituel d’avant-scène ?
M.G. : Il n’y a pas vraiment de chose que je fais volontairement, mais si je devais m’observer, il y aurait la préparation physique, puis mentale. Je vais en priorité surveiller mon hygiène de vie quelques jours avant le concert. Puis, le jour J, j’intériorise et marche beaucoup pour me concentrer !
Je trouve qu’il est bon d’avoir un rituel, avec cependant un certain recul. En effet, il ne faut pas en devenir dépendant, car si un imprévu se présente, il faut de suite pouvoir être prêt. Donc, si je m’aperçois que je développe une habitude spécifique, j’essaie immédiatement de la déconstruire.
E.L. : Je pratique souvent la méditation puisque l’essentiel est de ne pas être pollué par des pensées inutiles. J’essaye de ne pas avoir de rituel concernant mon instrument car il arrive parfois de ne pas pouvoir répéter avant le concert.
 
L.S.V. : Quels sont vos projets artistiques ?
M.G. : Après la masterclass, je donnerai une Messa di Gloria de Puccini les 3 et 4 juin à Orléans. Puis, notre duo se reformera pour affronter la demi-finale du Concours Voix Nouvelles les 28 et 29 juin à l’Opéra de Massy, et je serai à Gordes pour le Concert d’été qui aura lieu le 18 juillet au Théâtre des Terrasses !
E.L. : En juin prochain et dans le cadre du programme ‘’L’Opéra en Guyane’’, je coacherai des ateliers de chant aux côtés de Marie-Andrée Bouchard-Lesieur et Timothée Varon en Guyane. Enfin, j’assurerai la fonction de chef de chant pour le ‘’Young Singer Project’’ au Festival de Salzbourg en juillet prochain.

Propos recueillis par Marjorie Cabrol

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