Les Saisons de la Voix : Comment avez-vous découvert la musique classique ainsi que votre voix ?
Apolline Raï-Westphal : J’ai grandi dans une famille de mélomanes, avec une mère pianiste et un père passionné d’opéra. J’ai ainsi été mise au piano très jeune et j’allais, dès l’enfance, voir des opéras aux Chorégies d’Orange. J’ai eu la chance de pratiquer la danse pendant de nombreuses années et de participer également à des comédies musicales, ce qui m’a certainement donné le goût de la scène. Je n’avais jamais pensé en faire mon métier avant d’entrer à l’Opéra Junior de Montpellier, qui est un merveilleux centre de vocations pour les jeunes autour des métiers de l’opéra. Cette expérience de la scène a été une révélation pour moi. J’ai adoré la collaboration de tous ces différents métiers au service d’une œuvre. C’est tellement riche de pouvoir travailler avec un chef d’orchestre, un orchestre, un metteur en scène, des techniciens, des costumières et tant d’autres. C’est ce qui a été déterminant dans mon parcours pour entamer exclusivement des études de chant lyrique à partir de 19 ans.
L.S.V. : Votre parcours au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris a été marqué par l’influence de professeurs renommés comme Alain Buet et Frédéric Gindraux. Comment ces mentors ont-ils façonné votre approche de l’interprétation vocale ?
A.R.W. : Alain Buet et Frédéric Gindraux ont respecté qui j’étais, avec ma sensibilité artistique, sans chercher à tout déconstruire. Ils m’ont simplement donné de nombreux outils d’interprétation et de technique me permettant de servir encore mieux la musique. Ces années d’études se sont déroulées dans la plus grande bienveillance, ce qui m’a offert un espace favorable à l’expérimentation.
L.S.V. : Votre répertoire s’étend de la musique baroque à la création contemporaine. Comment abordez-vous ces styles très différents et quels défis ou plaisirs y trouvez-vous ?
A.R.W. : Ce sont effectivement des approches assez différentes pour aborder des répertoires que tant d’années éloignent à l’échelle de l’histoire de la musique. Pour le baroque, par exemple, il est essentiel de s’imprégner du style en travaillant avec des coachs spécialisés dans cette période. On apprend aussi sur le tas en écoutant les collègues parfois plus expérimentés et imprégnés de ce style. C’est toujours un défi, et j’aime beaucoup ça. Pour une œuvre contemporaine, l’approche va être différente, puisque l’on peut se retrouver à travailler avec le compositeur lui-même et accéder directement à ses demandes. C’est plus un laboratoire expérimental ! Ce qui ne change pas, c’est qu’il faut toujours arriver avec une proposition claire pour le chef d’orchestre, quel que soit le répertoire, même si celle-ci est amenée à être transformée par la suite. C’est passionnant de passer d’une œuvre à une autre, il n’y a aucune place pour l’ennui !
L.S.V. : Ce dimanche 22 septembre à 18h, vous donnerez un récital aux côtés du pianiste Paul Coispeau à l’Espace Simiane de Gordes. Comment a débuté votre collaboration ?
A.R.W. : Avec Paul, nous nous sommes rencontrés au CNSM de Paris. Paul a suivi, entre autres, la classe de chef de chant, ce qui lui donne une connaissance accrue de la voix. Il se trouve que nous avons rapidement constaté une certaine fluidité dans le travail et une réelle affinité musicale. Nous avions aussi des goûts communs en termes de répertoires, et nous avons commencé une collaboration sans savoir où celle-ci nous mènerait ! C’est très encourageant et agréable de pouvoir être également reconnus en tant que duo, en plus de nos activités respectives. Nous avons tous les deux une grande confiance l’un envers l’autre, ce qui permet de se livrer complètement à la musique en concert. Il arrive que nous ne nous voyions pas pendant de longues périodes, mais nous ne mettons pas longtemps à reprendre nos marques !
L.S.V. : Quels sont vos projets artistiques cette année ?
A.R.W. : Cette année, Paul sera occupé par l’Académie de l’Opéra de Paris, et moi par différentes productions d’opéras. Mais nous aurons quelques rendez-vous dans l’année, comme un récital à l’Opéra de Massy avec Natalie Dessay !